Le Tribunal judiciaire de Laval a rendu son jugement dans l’affaire qui nous oppose depuis près de dix ans au groupe Lactalis. Le verdict est tombé : la FDSEA53 est condamnée à verser plus de 150 000 euros au géant laitier, suite à une mobilisation de producteurs le 11 février 2016 devant le siège du groupe à Laval. Une somme colossale pour une organisation syndicale départementale, et un signal préoccupant pour la liberté d’expression du monde agricole.
« Une condamnation injuste, une détermination intacte »
Cette décision est sévère, disproportionnée, et surtout déconnectée du contexte dans lequel cette mobilisation a eu lieu. Souvenons-nous. A l’époque, les producteurs de lait vivaient une crise profonde. Le prix du lait, imposé sans discussion par Lactalis et payé bien en deçà des 300 euros des 1 000 litres, ne permettait même pas de couvrir les coûts de production. Face à cette impasse, des centaines d’agriculteurs n’avaient plus d’autre choix que de se mobiliser pour réclamer une rémunération digne. Nous avons assumé notre rôle de syndicat, de porte-voix de ceux que l’on n’écoutait plus. Aujourd’hui, c’est clair, on veut nous faire payer ce combat.
Lactalis, qui réclamait à l’origine près d’un million d’euros de préjudices matériels, a mené une stratégie judiciaire d’acharnement. Alors même que nous avons, depuis, multiplié les démarches pour ouvrir un dialogue constructif sur des sujets majeurs comme l’installation, la sécurité, la santé des troupeaux ou encore l’adaptation au changement climatique…, le groupe est resté sourd à nos propositions. Pire encore, il poursuit dans la voie du contentieux, manifestement plus soucieux de faire taire ses partenaires que de construire l’avenir de la filière sur notre département.
Nous dénonçons fermement cette logique d’intimidation. La FDSEA53 ne se laissera pas bâillonner. Cette condamnation financière, si grande soit elle pour nous, si petite pour Lactalis, ne remet en rien en cause la légitimité de notre combat, ni la force de notre engagement. Elle nous renforce. Car elle révèle avec clarté le déséquilibre dans le rapport de force qui règne entre un groupe mondial et les producteurs.
Personne n’est évidemment dupe sur la volonté du groupe de nous faire taire. Notre organisation ne reculera pas. Elle continuera de défendre les intérêts des producteurs, de porter leur voix haut et fort, et de refuser le silence que certains voudraient nous imposer.
Le combat syndical reste plus que jamais nécessaire. À travers cette épreuve, nous réaffirmons notre volonté inébranlable de faire entendre la voix du terrain. Nous ne plierons pas, en déplaise aux puissants !